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Triennale Art
Industrie
& Dunkerque
Hauts–de–France
Triennale Art & Industrie Dunkerque Hauts–de–France

Fétiches

Ettore Sottsass, Machine à écrire Valentine, 1969, Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
Eliot Noyes, Ordinateur Serie I, 1976, Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle.
Chris Burden, Big Wrench, 1980, courtesy de Electronic Arts Intermix.

Épargnant l’énergie physique, voire cérébrale, un grand nombre d’objets de consommation et du quotidien sont devenus de véritables « fétiches ».

Sacs, montres, trains ou encore camions sont perçus comme des miracles méritant d’être érigés en ornements, comme chez Helen Marten ou Caroline Achaintre, ou en compagnons dignes d’un récit ému par Chris Burden. Leur fétichisation contribue à nous faire oublier l’énergie qu’il faut pour les produire, celle qu’ils consomment autant que celle qu’ils épargnent aux corps humains.

Parmi les objets les plus vénérés, la voiture et l’ordinateur symbolisent le rétrécissement du temps et de l’espace. L’automobile garée, embouteillée ou accumulée intéressa les artistes par sa vitesse, comme le montre León Ferrari, et par la transformation des paysages qu’elle opère, à l’image de l’environnement imaginé par Gustav Metzger. L’informatique, elle aussi, attise des désirs : tandis que le design de Paul Rand pour IBM transforma les composants électroniques en paysages captivants, Ettore Sottsass ou Konstantin Grcic subliment le mobilier de bureau qui accueille ces équipements.

Après le temps de la fascination, les artistes attirent l’attention sur la maintenance, l’obsolescence et la finitude de ces fétiches. Ceux-ci peuvent bien vite passer du statut d’idoles à celui de rebuts, à l’image des postes informatiques entassés et difficilement recyclables photographiés par Valérie Belin, ou des déchets métalliques qu’El Anatsui tisse ensemble pour les soustraire à leur destin polluant. Les collages de pétales de tulipes réalisés par Jennifer Tee rappellent que les végétaux, eux non plus, n’échappent pas à cette vénération, depuis la tulipomanie du XVIIe siècle jusqu’à nos jours, où cet emblème des Pays-Bas cultivé intensivement traverse continents et mers en camions réfrigérés pour assouvir cette frénésie.

Ce chapitre de l’exposition est visible au Frac Grand Large — Hauts-de-France.

Tous les chapitres

Sources du progrès

Depuis la révolution industrielle, les énergies sont perçues dans les sociétés occidentales contemporaines comme vectrices de progrès.

Des corps sans fatigue

L’imaginaire hérité de cette époque d’un corps fonctionnant comme une machine thermodynamique demeure ancré dans notre culture : en témoignent les êtres hybrides représentés par Edmund Alleyn et Erró, comme les […]

Ressources humaines

Ce chapitre de l’exposition met en tension l’expression figée de « ressources humaines », qui sous-tend une vision utilitariste de l’être humain, considère les individus comme des moyens au service d’une fin et accompagne les doctrines de la productivité économique.

Fétiches

Épargnant l’énergie physique, voire cérébrale, un grand nombre d’objets de consommation et du quotidien sont devenus de véritables « fétiches ».

Avancer les montres, reculer les horloges

Le choc pétrolier de 1973 survient après trois décennies d’abondance, conduisant de nombreux pays à prendre des mesures pour économiser l’énergie.

Espèces d’espaces

Les œuvres exposées révèlent, interprètent, fantasment ou encore réforment ces espaces. L’utopie d’une cohabitation entre paysage et interventions humaines, ou encore d’un relais entre industrie et nature, figure dans les […]

Vanités, gratuité, sublimations

Certain·e·s artistes, designers et paysagistes ont détourné les énergies de leurs fonctions premières pour en explorer leur potentiel esthétique.

Sisters in the system

Cet ultime chapitre met en exergue des pratiques culturelles investies dans la mise en réseau, le maillage, ou encore la recherche d’organismes, de matériaux et de technologies qui en soutiennent d’autres.