Des corps sans fatigue
Au XIXe siècle, les sociétés industrielles étaient obsédées par la fatigue et cherchaient à optimiser la dépense énergétique.
L’imaginaire hérité de cette époque d’un corps fonctionnant comme une machine thermodynamique demeure ancré dans notre culture : en témoignent les êtres hybrides représentés par Edmund Alleyn et Erró, comme les cyborgs, issus des récits science-fictionnels, devenus symboles d’une fascination pour la technologie et l’endurance. Cet idéal « des corps sans fatigue » se retrouve dans la valeur supérieure accordée à la jeunesse dans notre société. Par leur propre corps, des artistes telles Ewa Partum ou Jo Spence mettent en question la double peine du genre et de l’âge avançant.
Après l’hyperactivité collective, émerge au cours des années 1950 la fatigue nerveuse, qui inspire de nouvelles expériences artistiques : Chris Burden performe un repos forcé de vingt jours tandis que l’agence de design Archizoom Associati met en tension les fonctions délassantes du mobilier domestique. Réalisées entre les années 1960 et 1980, les pièces historiques présentées dans ce chapitre témoignent d’un infatigable état d’esprit productiviste, souvent entretenu au détriment de la santé humaine et du vivant.
Ce chapitre de l’exposition est visible au Frac Grand Large — Hauts-de-France.